Calendrier de l’Avent – jour 17

avent2017

Jour 17 : Quel est le drama dont le début t’a impressionné mais qui t’a beaucoup déçu au final ?

Drama :

En lisant cette question, j’ai tout de suite pensé à Rebel, qui m’a vraiment impressionnée sur les premiers épisodes, et m’a laissée sur une note de not-enought sur l’échelle de l’épic-attitude plutôt décevante. Mais il ne m’a pas beaucoup déçue, juste un peu.

Par contre, celui qui m’a beaucoup déçue, c’est Suspicious partner, qui avait commencé comme un truc vraiment fun et plaisant à regarder (alors que j’attendais un truc plutôt lambda), pour finir par être plutôt ennuyant tellement rien ne m’intéressait sur la fin.

Une bonne surprise impressionnante qui tourne à la déception. Quel dommage : il aurait sûrement suffi de le faire moins long…

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Mes deux réactions face à ce drama…

Film :

J’ai un petit problème pour cette question car les films qui m’ont beaucoup déçue cette année ont eu tendance à me décevoir dès le début, et ceux dont les prémices m’ont impressionnée ne m’ont pas déçue à ce point. Du coup, je ne sais pas trop quoi choisir.

Je vais donc choisir ma plus grande déception de l’année, I Love You Philip Morris, qui m’a vraiment impressionnée sur les premières images – beaucoup de couleurs, ça donne beaucoup d’impressions… Mais ces impressions étaient mensongères car, au final, le plat était bien fade. L’émotion n’était juste pas là.

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Livre :

Une autre déception amère, Heure entre chien et loup, de You Na.

Quand je l’ai vu dans le librairie, j’étais impressionnée de découvrir que ce drama que j’adore était tiré d’un livre. Quand j’ai commencé à le lire, j’ai était hyper impressionnée par la qualité (vraiment pas tip top) de ses dessins. Et au bout de vingt pages, j’ai été impressionnée par la manière dont le scénariste du drama a réussi à créer des personnages humains et des relations touchantes et complexes devant le peu de profondeur que l’on trouve dans le livre.

La déception était totale…

 

Calendrier de L’Avant – jour 18

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Jour 18 : Quel(le) acteur/actrice a gâché son talent ?

Drama :

J’ai pas mal hésité sur cette question, et finalement mon choix s’est porté sur Erika Toda dans Reverse. Bon, je sais que l’actrice n’est pas toujours au meilleur de sa forme, mais je l’aime bien, et malheureusement, dans ce drama, son personnage n’est pas vraiment hyper bien écrit.

Et comment une actrice peut être subtile quand le drama crie : « Mon personnage subit un twist de OUF en ce moment !!! » Franchement, avec un personnage mieux écrit et une meilleure direction, je suis convaincue qu’Erika Toda aurait pu signer là une bonne performance…

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Film :

Je vais un peu tricher, car si l’homme est un acteur dans ce film, ce n’est pas dans ce film que son talent est gâché, mais dans tous les autres qu’il ne peut pas faire à cause de la censure de son pays. Et quand on voit le documentaire qu’il nous offre avec Taxi Téhéran pour dénoncer cette censure, c’est clair que le talent de Jafar Panahi est gâché !

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Livre :

Bon, là, j’avoue, je sèche à trouver une manière d’adapter cette question…

Calendrier de L’Avent 2017 – jour 6

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Jour 6 : De quel personnage aurais-tu pu tomber amoureux (se) ?

Encore une question difficile. J’ai beaucoup de mal à m’imaginer tomber amoureuse d’un personnage. Avoir un crush, oui, parler d’amour non.
Mais bon, imaginons, et faisons un choix…

 

Drama :

Cette année, j’ai vu beaucoup de dramas avec des personnages géniaux mais juste à des années lumières de ma vie (policiers, médecins venus du futur, guerriers, princes impériaux, etc.) ou dont je ne sais au final pas grand-chose des personnages si ce n’est leur gentillesse (Kounodori, Junhan Shuttai). Mais il y a un personnage qui est la bonté incarnée et avec qui je sens que je n’aurais aucun mal à discuter. Un personnage profondément humain et dont j’aurais pu tombée amoureuse : Takeru dans Last Friends. Et le fait qu’il soit joué par Eita lui offre encore plus de capital sympathie.

 

Film :

Pas facile encore de choisir… Mais je me lance avec Charlotte Posche dans Un bonheur n’arrive jamais seul. Déjà, la plupart des personnages des films que j’ai vus sont à des années-lumières que mon univers (pas parce que je n’ai vu que de la SF – enfin, pas que -, mais je me vois mal sortir avec un gangster, un roi, un tueur à gage, une sorte de commandant Cousteau à bonnet rouge ou un retraité). Ensuite, il s’agit de Sophie Marceau, que j’aime depuis toute petite, et elle est rayonnante dans ce film, paraît être le genre de personne avec qui on se sent tout de suite à l’aise et qui vous entraîne dans son univers. Et puis, comme je suis aussi maladroite qu’elle, on ferait une super paire !

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Livre :

Tout comme pour les films, je n’ai pas beaucoup lu de livre avec des personnages potentiellement Aimable avec le grand A de l’Âmour. De un, parce que j’ai lu beaucoup de livres jeunesse cette année, et que moralement, ce n’est pas tip top, de deux parce que j’ai rencontré beaucoup de personnages particulièrement imparfaits. Mais il y a Sauveur Saint-Yves, de Sauveur et fils, de Marie-Aude Murail. Bon, a priori je serai plutôt tombée amoureuse de lui en saison 1 ou 2, donc en 2016 puisque je n’ai lu que la saison 3 en 2017, mais ça compte quand même, parce que Sauveur, il est génial. Déjà, il s’appelle Sauveur. Il a une philosophie que j’adore, il essaie d’aider les gens, au détriment de sa propre vie privée parfois, mais il sait qu’il n’est pas un super héros et que, parfois, il faut faire des choix qu’on ne veut pas faire et accepter ses limites. Il tchip, il écoute le gens (mais genre, vraiment), il a de l’humour…
Bref, il mérite largement sa place ici !

Calendrier de L’Avent 2017 – jour 5

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Jour 5 : Quel duo d’acteurs a partagé la plus belle alchimie ?

Drama :

Je n’ai pas eu à réfléchir longtemps pour élire Bae Doo Na et Jo Seung Woo dans Secret Forest. Déjà, seuls, ces deux acteurs sont excellents, mais ensemble, ils font des étincelles ! Sérieusement, l’amitié entre eux deux était évidente. Ils forment un OTP sans avoir besoin de mettre la moindre pointe de romance dans cette histoire. Pour moi, ils raflent haut la main la palme de la meilleure alchimie de l’année.

Film :

Pour les films, j’ai choisi Trevente Rhodes et Andre Holland dans Moonlight. Ils n’échangent pas tant de scène que cela, mais quelles scènes ! Bon, déjà, on sent que le réalisateur aimait ses acteurs vu comment il les a filmés. Ils sont juste magnifiques ! Et l’alchimie entre eux est bien là également.

Livre :

Question bien plus compliquée dans les livres, mais finalement, j’ai trouvé un couple « d’acteurs » dans La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski qui se marie à merveille : le livre et le texte. L’intrigue et le support. Car dans ce livre où la pièce d’une maison grandit sans cesse, jusqu’à perdre ses propres habitants, le livre devient petit à petit tel un labyrinthe. On se retrouve à le tourner dans tous les sens pour le lire, à revenir en arrière pour reprendre sa lecture au bon moment. Format particulier, certes, mais alchimie réussie !

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Calendrier de l’Avent 2017

Luthien (c’est ici pour découvrir son super blog) a organisé cette année un calendrier de l’Avent pour ce mois de décembre. L’idée est de répondre chaque jour à une question sur les dramas visionnés pendant 2017 afin de revenir sur une année de petit écran. Et comme cette idée est super chouette, j’ai décidé d’y participer, et d’en profiter pour revenir également, dans la mesure du possible, sur les films vus et les livres lus ces derniers mois.

Allez… c’est parti !

 

Jour 1 : C’est la fin du monde… quel drama choisirais-tu de revoir ?

Sympa comme question. Tout de suite, ça me met en joie pour la suite des opérations ! Bon, plus sérieusement, je pense que, si le monde devait finir demain, j’aimerais regarder quelque chose de plutôt gai, pour détendre l’atmosphère. Et dans le genre, You, Me and the Apocalypse serait un super choix, sauf que c’est une série anglaise vues il y a plus d’un an, donc ça ne compte pas, mais je vous la conseille fortement.

Drama :

Après maintes hésitations et une réflexion de malade, j’ai réussi à me décider. Si c’était la fin du monde, je re-regarderais Deserving of the Name. Ce drama est parfait pour une apocalypse. Il possède des passages historiques (un de mes genres préférés à dramaland), un OTP qui fonctionne du tonnerre de dieux, une scène de brossage de dents (toujours très utile), deux personnages géniaux qu’on a envie de suivre sur des millions d’épisodes (mais pas trop, parce que ce serait cool de profiter un peu du monde avant qu’il implose – ou explose, qu’est-ce que j’en sais –), une grand-mère adorable, un cochon, une bonne dose d’humour et une musique de l’OST qui fout la pêche. L’idéal !

Film :

Un peu pour les mêmes raisons – la grand-mère, le cochon, le brossage de dents et l’OTP en moins, mais Lee Seon Gyun en plus –, je revisionnerais avec plaisir The King’s Case Note. C’est historique, fun et sans prise de tête. Et surtout l’un des rares films joyeux que j’ai vus cette année.

#Tristesse

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Livre :

Pour le dernier livre de ma vie, il me faudrait un roman drôle, qui se lise rapidement et dont les pages se tournent facilement. Mon choix s’est donc porté sur La 7e Fonction du langage, de Laurent Binet, qui a en plus l’avantage de parler linguistique et de me rappeler mes années fac. Et quoi de mieux qu’un peu de nostalgie avant de passer l’arme à gauche ?

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Jour 2 : Quel personnage t’a marquée cette année ?

Drama :

Pas évident de répondre à cette question car cette année m’a réservé beaucoup de personnages marquants. Et puis marquant comment ? Parce qu’ils étaient différents ? Particulièrement touchants ? Particulièrement insupportables ?

Mon choix s’est finalement porté sur Xue Jun Shan dans Battle of Changsa, un personnage qui m’a tour à tour fait rire et pleurer. Et pour le coup, je ne m’y attendais pas ! Il y a plein de personnage qu’on sait dès la première apparition s’ils vont nous plaire ou nous fatiguer. Dès la première scène, je me suis dis : « Celui-là, il va vite me saoûler. » Je n’aurais pas pu plus me tromper car il est vite remonté dans mon estime jusqu’à atteindre le rang de mes personnages de drama favoris, toutes années confondues.

Film :

Je n’ai pas hésité pour cette catégorie. Anna de La Communauté est un personnage dont je me souviendrai longtemps. Voir la vie de cette femme à qui tout sourit au début s’effondrer un peu plus à chaque minute qui passe, la voir accepter la situation, attendre que le vent tourne pour finalement s’effondrer, c’était juste marquant et scotchant.

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Livre :

Encore une fois, un nom s’est imposé : Karoo de… Karoo, de Steve Tesich.

Cet anti-héros alcoolique, menteur, lâche et profondément égoïste est juste génial à voir tellement il observe le monde d’un regard déformé. C’est jouissif de lire – sans jamais être dupe – la manière dont il se met sur un piédestal, ses mauvaises interprétations de la réalité…

Il n’y a rien à sauver chez cet homme, qui continue cependant de s’enfoncer en essayant de remonter à la surface. Pourtant, il ne cesse jamais de chercher à convaincre le lecteur de sa générosité, de sa grandeur, de sa bonne fois, sans nous convaincre une seule fois. Et c’est ça qui le rend aussi marquant.

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Jour 3 : Quelle est la meilleure scène de baiser ?

Bon, alors là, je sèche totalement. Je me souviens très rarement des scènes de baiser. Je me rappelle plus souvent les petites attentions que des baisers, mais je vais faire un effort pour travailler ma mémoire.

Drama :

Je suis certaine qu’il y avait de beaux baisers marquants dans Tomorrow with you, le drama en propose tout plein de plutôt réalistes et sexy pour changer. Malheureusement, ma mémoire étant ce qu’elle est, impossible de me souvenir d’une scène parrticulière.

Alors je me rabats sur Age of youth (saison 1), le premier baiser entre Eun Jae et Yong Jeol. Ils sont juste adorables.

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Film :

Swiiiiiiiiiii…

(Ce son correspond au néant sous mon crâne lorsque je réfléchis à cette question.)

 

Livre :

Alors là, je suis fière de moi, je n’ai eu aucun mal à trouver ! Le meilleur baiser que j’ai lu cette année est celui entre Price et Rachel, dans Price (du même auteur que Karoo – on sent tout de suite que Steve Tesich était super inspiré pour ses titres, le bonhomme –).

Il s’agit pourtant d’un baiser classique. Le premier pour Price ; l’énième d’une longue série pour Rachel. Mais notre narrateur– Price – interprète tellement ce moment, élabore plein de futurs possibles suite à cet instant furtif, se sens tellement transcendé par ce moment, que ce baiser archi banal est devenu mémorable.

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Jour 4 : Quel est le projet dont personne n’a parlé mais que tu as adoré ?

Trop facile, cette question !

Drama :

Manhattan Love Story.

Sérieusement, tout le monde devrait regarder cette non-comédie romantique qui joue avec les codes de la comédie romantique. Entre la géométrie amoureuse démultipliée – A aime B qui aime C qui aime D qui aime E qui aime F… ­, la scénariste d’un navet romantique qui pleure devant son propre drama, les souvenirs doublés de notre « héroïne », les chorégraphies de danse et le barrista à la fausse moustache, les fous rires sont obligatoires !

Film :

Dans un recoin de ce monde

J’ai l’impression que beaucoup de monde est passé à côté de ce film d’animation à propos d’Hiroshima, pourtant celui-ci valait le détour, tant sur la forme que sur le fond. Je ne peux que conseiller ce film très doux devant lequel on se crispe de plus en plus à mesure que la date des bombardements se rapproche.

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Livre :

Opus, de Satoshi Kon

Un mangaka qui se fait dépasser par son œuvre ; un personnage qui vole la dernière planche du manga où il évolue, sur laquelle est dessinée sa propre mort ; des paysages qui s’écroulent car le dessinateur ne prend jamais le temps de soigner les fonds ; un questionnement sur le rôle de démiurge de tout créateur d’œuvre, voilà ce que j’ai cherché en vain l’année dernière dans les derniers épisodes de W et ce que j’ai trouvé avec plaisir dans les deux tomes d’Opus.

Je ne peux que conseiller ce manga dont je n’entends quasiment jamais parler, ce qui est bien dommage…

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Le Week-end dramanimique 3.0

Ce week-end se tient la troisième session du week-end dramanimique, un week-end génial organisé par la toute aussi géniale Bouya de Booksandramas.

Le but est de regarder, le temps d’un week-end (du vendredi soir, 18 heures, jusqu’au lundi à 4 heures du matin) le plus de d’heures de fiction asiatique.

Pour corser les choses, deux règles :

1 – SE CHALLENGER EN DÉCLARANT AVANT DE COMMENCER QUEL PALIER VOUS COMPTEZ VISER !

le premier : 3h,  le second : 6h, le troisième : 12h,  et le quatrième : 24h !!!!

(Votre humble servante ayant choisi le 3e palier.)

2 – RESPECTER ou non LES OPTIONS POUR S’ENCADRER

Option 1 : regarder un Bollywood.

Option 2 : #waternel, trouver de l’eau dans nos visionnages.

Option 3 : Qui dit automne dit citrouille, et tout le monde sait que les citrouilles sont orange. Visionner quelque chose dont le poster contient de l’orange, ou avec « orange » dans le titre.

 

C’EST PARTI !

Vendredi 6 octobre :

Fail total : j’ai regardé Blade Runner, un film génial mais clairement pas asiatique, malgré le chinois omniprésent dans les dialogues.

Bilan de fin de journée : 0 heures visionnées.

 

Samedi 7 octobre :

Six épisodes de Carnation.

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Un épisode de Tomorrow with you.

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Un épisode de The Advisors Alliance.

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Film du jour : l’hilarant Om Shanti Om.

Bilan de fin de journée : 6 h 25 au compteur.

 

Dimanche 8 octobre :

Quatre épisodes de Carnation.

Cinq épisodes de Tomorrow with you.

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Un épisode de The Advisors Alliance.

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Quatre épisodes de Sword Art Online.

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Film du jour : The Assassin.

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Bilan de fin de journée : 15 h 37 au compteur.

 

 

BILAN DE FIN DE WEEK-END DRAMANIMIQUE :

J’ai visité la Corée, la Chine, le Japon, Taïwan et l’Inde.

Challenge Bollywood validé avec Om Shanti Om.

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#waternel validé avec Tomorrow with you, Carnation, The Assassin, Sword Art Online.

Challenge Orange validé avec la magnifique affiche de The Assassin.

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Palier 12 heures atteint et dépassé.

Om Shanti Om a été une tellement bonne découverte (merci Mila ♥) que je regarderai d’autres bollywoods, j’ai bien avancé dans les dramas et anime en cours, et j’ai fait descendre la pile de mes DVD à regarder.

Vivement le prochain !

 

Et pour le plaisir des yeux…

L’Écho des cavernes, ou comment l’homme de cro-magnon a inventé la grammaire [histoire plus ou moins basée sur des faits réels]

Titre du livre : L’Écho des cavernes, ou comment l’homme de cro-magnon a inventé le langage

Auteur : Pierre Davi

Genre(s) du roman : Humour

Public visé : Les jeunes qui aiment le français, les jeunes qui ont du mal avec le français, et tout ceux qui ont envie de s’amuser.

Édition : Syros

Année de parution : 2002 (2009 pour la présente édition)

Nombre de pages : 199

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De quoi il est question : Un jour, Sapiens prend conscience de la limitation du « wroumpf », surtout en stratégie militaire. Mais Sapiens n’aime pas rester sur un échec et, surtout, c’est un penseur. Qu’à cela ne tienne, Sapiens est ambitieux : il inventera le langage. Une de ses premières décisions ? Se nommer Adam. Le reste viendra après.


AVIS :

Il y a certains livres que l’on choisis pour leur couverture, d’autres pour leur auteur, d’autres pour leur sujet, et d’autres pour leur titre. L’Écho des cavernes fait clairement partie de la dernière catégorie. Enfin, je l’ai choisi pour son sous-titre : ou comment l’homme de cro-magnon a inventé la grammaire. Intriguée, je me suis penchée sur ce livre et quand je me suis rendu compte que ce livre retracerait l’évolution de la langue, du « wroumpf » au subjonctif, je n’ai pas pu résister ! Sérieusement :

Homme de cro-magnon + wroumpf + histoire de la langue = banco !

En une après-midi, j’avais fini de le lire et eu droit à plusieurs crises de fou rire. Ce fut un véritable coup de cœur, auquel je ne m’attendais pas. Alors, forcément, je veux le partager !

Autant vous le dire tout de suite, ce cours d’histoire est un véritable capharnaüm. Historiquement, presque rien n’est bon. Mais dans cette nouvelle édition, on est prévenus dès la préface :

« Qu’est-ce que c’est que ce sapiens de 400 000 ans au pire, qui n’est pas fichu d’articuler d’autres mots que « wroumpf » et qui se pique d’inventer le langage qui en accuse 2 000 000 au moins, au coin d’un premier feu qui en a 500 000 s’il est maîtrisé, et on apprendra plus tard qu’il ne l’est même pas ! […] Du côté du temps donc, c’était sans espoir. »

Les anachronismes sont donc légion, pour notre plus grand plaisir. Ce livre se situe peut-être il y a 400 000, 2 000 000 ou 500 000 ans, ce n’est pas pour autant qu’il ne parle pas aux lecteurs d’aujourd’hui. Ainsi, lors d’un cours sur les adjectifs possessifs, il est question de la propriété :

« En fait, le piège était inévitable. Réfléchissez ! Dans un premier temps, on décide de déterminer les noms. “Dent” devient “une-dent”, “cette-dent”, “trois-dents”, “les-dents”. Bien. Après coup, on découvre les pronoms personnels “moi”, “toi”, “elle et lui”, il n’y a plus à réfléchir. “La dent à moi”, qui à la rigueur est acceptable pour une dent de lait, cède vite le pas, dès la première carie, à “Oh-mes-dents !”. “Les-petits –pieds-à-toi”, c’est charmant dans la bouche d’une mère, mais il faudra bien en venir à “Oh-la-la-tes-pieds !”. On ne pouvait donc pas se passer bien longtemps de l’adjectif possessif mais, du même coup, on réveilla un monstre endormi : le sens de la propriété. Et la propriété c’est… On ne savait pas encore ce que c’était, mais cela devint immédiatement une source d’ennuis. »

Adam a même des assauts de révolte politique, un peu trop tôt certes, mais la germe révolutionnaire est bien présente :

« Il brandit son poing et hurla :
— Fascite !
Ce qui n’eut aucun effet sur les populations. »

Les réalités historiques et actuelles sont plus ou moins traitées (surtout moins que plus), mais quand elles le sont, c’est toujours avec humour.

Cependant, qu’a-t-on à faire de l’historicité de ce livre ? C’est de grammaire que ce livre est supposé parler. En effet, et il le fait avec brio. Bon, on est loin du cours magistral d’histoire de la langue ou de linguistique historique comparée. Mieux, on est là devant un livre intelligent qui explique les bases de la langue française de manière ludique, claire et succincte.

N’importe qui peut lire ce livre et s’amuser, voire s’éclater, avec la grammaire revue par Pierre Davy. Premièrement, ce dernier écrit bien, très bien même. C’est simple, au moment de chercher les citations à vous présenter, il y avait tellement de phrases-paragraphes qui me plaisaient que j’aurai pu réécrire le livre dans son intégralité ! L’Écho des cavernes se consomme comme une gourmandise pétillante qui, en prime, soigne les maux de dents. On prend plaisir à le dévorer, et mine de rien, on apprend deux, trois petites choses – ou on se remet bien en tête ce qu’on savait déjà.

Mieux qu’un cours, c’est une véritable histoire puisque l’on suit la vie de Sapiens-Adam, ses problèmes conjugaux – en même temps, qu’elle idée de batifoler avec Cousine ! –, l’évolution du village, les naissances et les décès, les visites de clans voisins, etc. On suit des personnages qui nous sont tout de suite sympathiques, tels que le Peintre, le Sorcier ou Matheu, mais aussi Adam et Ève, bien sûr, Cousine, Phacochère et Phacochère II, etc. Et parce qu’on s’y attache, ils rendent la création du langage d’autant plus réelle et palpable. Qui peut ne pas succomber aux charmes d’un cours de grammaire à la sauce Plus Belle la Vie, je vous le demande !

« Dès le départ, il avait été évident qu’il y avait trois personnes en cause : Ève, Adam et Cousine.
Mais au fil du discours la dénomination avait évolué. Parlant d’elle-même, Ève se frappait la poitrine en utilisant un “moi-je” outragé, puis elle lui plantait son index dans l’estomac d’Adam en l’interpellant d’un “toi-tu” accusateur, et pour évoquer la péronnelle qui avait évidemment disparu, la jeune femme
se contentait d’un “elle” nettement dépréciatif.
“Moi-je”, “toi-tu”, “elle”, pas de doute, tout le monde y était, la première, la deuxième et la troisième personne. Ébahi par cette trouvaille pronominale, Sapiens ne prêtait pratiquement pas d’attention au fond du sujet qui pourtant ne manquait pas d’intérêt : “moi-je aimer toi, toi-tu tromper moi avec elle,
elle petite conne.” »

Ou encore (pour en revenir aux dérives de l’adjectif possessif, ou à la cabale d’Ève contre la pauvre Cousine) :

« Il fut lui-même pris de court par le succès que rencontra l’adjectif possessif. Tout particulier celui de la première personne. […] Le Sorcier décréta que désormais toute interpellation à lui adressée serait précédée de “Mon-seigneur”. Le Peintre ne désigna ses dessins que sous le terme global de “mon-œuvre”.  Ève, quant à elle, frotta son nez contre celui d’Adam, en susurrant : “mon-chéri”.
En contrepartie, elle ne désigna plus Cousine que sous l’appellation contestable de “ta-pouffe”.

Après une telle démonstration des facultés linguistique, je perds mes mots. Je vais donc terminer ici ma présentation de L’Écho des cavernes en concluant synthétiquement comme Matheu pourrait le faire. Pourquoi vous conseiller de lire ce livre ? Parce qu’il est original, drôle, intelligent et ludique. À vous de voir si je vous ai donné ou non envie de le lire, mais une chose est certaine, moi, je le relirai à coup sûr ! C’est un livre comme on en trouve peu sur le sujet, surtout en jeunesse, et je ne peux que vous inciter à le découvrir.


20/20

Drôlement intelligent

La Terrifiante Histoire et le Sanglant Destin de Hansel & Gretel [ou tout ce que vous ont toujours caché – ou pas – les frères Grimm]

Titre du livre : La Terrifiante Histoire et le Sanglant Destin de Hansel & Gretel

Titre VO : A Tale Dark & Grimm, book 1

Auteur : Adam Gidwitz

Traductrice : Alice Delarbre

Genre(s) du roman : Contes

Public visé : Les jeunes et les moins jeunes – âmes sensibles s’abstenir…

Édition : Hachette Romans

Parution originale : 2014 (2010 pour la version originale)

Nombre de page : 248

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De quoi il est question : De la véritable histoire de Hansel et Gretel. Pas la version toute gentille que vous racontait votre mère-grand, votre mère-tout-court ou votre mère-non-pas-mais-soeur-adorée-oui, non, la vraie de vraie, celle que l’on vous a cachée par peur que vous fassiez des cauchemars, celle sanguinolente à souhaite et floupouillante comme pas deux qui vous fait craindre votre propre ombre. Vous voyez ? Oui, celle-là, exactement. Comment ça vous ne voulez pas la lire ?! Petites natures…


AVIS :

J’ai un aveu à faire, j’aime les contes de fées. Voilà, c’est dit. Pourtant, cette version des contes des frères Grimm m’était complètement inconnue avant qu’une de mes collègues, voulant de toute évidence, soit m’instruire et m’élever l’esprit, soit m’empêcher de dormir le soir, m’ait fourgué ce livre entre mes mains et obligé de le lire. Je l’en remercie d’ailleurs, rien ne vaut mieux qu’une bonne nuit blanche, un bon livre de contes entre les mains.

Car oui, je le confesse, j’ai adoré voir Hansel et Gretel souffrir. Mais comme je suis, en plus, sadique, j’ai aussi regretté qu’ils ne soient pas un peu plus malmenés. Avant de me jeter la pierre, de me traiter de sans cœur, laissez-moi expliquer le pourquoi du parce que. Après seulement, vous pourrez me lapider. Je suis, de toute façon, protégée par un écran bien solide (enfin… j’espère).

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Donc parlons de La Terrifiante Histoire et le Sanglant Destin de Hansel & Gretel, qui est un titre bien trop long à écrire. Il s’agit, bien sûr vous l’aurez compris, d’une réécriture de certains contes des frères Grimm, mais avec cette particularité que Hansel et Gretel sont les héros de tous les contes. Car leur histoire ne commence pas avec leur destruction de la maison d’une brave boulangère (certes, cannibale, certes), et ne s’arrête pas après le meurtre abominable d’une vieille dame ayant pris soin d’eux. Non, ça on l’a tous lu ou entendu : « Voilà un petit conte bien ficelé. Le crime dans l’histoire, oui, le crime, c’est que ce soit la seule partie connue de l’histoire de Hansel et Gretel. » Comme vous pouvez en témoigner, Adam Gidwitz ne veut pas s’arrêter à cette facilité. Il a donc choisi neuf contes qu’il a lié grâce à ses personnages. Les neuf contes racontés dans ce livre ne sont en fait qu’une seule histoire, celle d’un frère une sœur à la recherche de parents aimantspas de ceux qui leur coupent la tête pour sauver un certain Jean (peut-être fidèle, mais ce n’est vraiment pas une raison). Alors que les contes se lisent souvent de manière fractionnée (un conte par soir, pour faire durer le plaisir), celui-ci se lit d’une traite car à chaque fin, à chaque moment de répit, l’auteur nous annonce un fatidique et jouissif « Fin. Pas tout à fait… ». Et c’est super, parce qu’on en redemande toujours ! Enfin, super pour le lecteur, pas pour Hansel et Gretel. Parce que déjà dans le conte que tout le monde connaît ils s’en prennent plein la tête mais dans cette histoire ils la perdent, leur tête. Le doigt aussi d’ailleurs. Ils se perdent, se font tirer dessus, l’un va en Enfer, l’autre chez un meurtrier, ils combattent un terrible et féroce dragon… Et pire, ils doivent survivre à un face-à-face avec les parents qui leur ont coupé la tête ! Tout un programme donc ; on n’a pas le temps de s’ennuyer.

De plus, parce qu’ils évoluent à chaque nouvelle aventure, Hansel et Gretel deviennent bien plus attachants que les personnages « figés » des contes. Par exemple, ils avaient peur de la boulangère cannibale, mais après avoir survécu à un meurtrier et au Diable, ils se sentent les épaules pour vaincre un dragon. Et quand ils se retrouvent face à la lune pour la seconde fois, ils pensent à décamper direct (en même temps, je les comprends : une lune mangeuse d’enfants).

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Cela dit, ce que j’ai vraiment adoré, ce sont les remarques du narrateur conteur qui nous renvoient directement dans la tradition orale des contes, mais aussi à notre propre expérience de lecteur. Combien de fois n’avons-nous pas voulu secouer les personnages : « Mais on te dit que c’est dangereux : n’y va pas ! », « Tu n’as pas appris la leçon depuis la dernière fois ? », « Il est trop parfait pour être vrai, fuit, pauvre fille ! », etc. L’auteur s’amuse avec cela, donnant toute son originalité au livre. Je regrette cependant certains de ses apartés qui rompent le rythme du récit. Mais la plupart du temps, j’ai accueilli ses interruptions avec plaisir.

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Par contre, je suis déçue parce que, finalement, ces contes n’étaient pas si noirs que cela, pas si terrifiants. Je pense que connaître les histoires à l’avance m’a desservie : je n’ai pas trouvé ces « vrais » contes plus sanglants que ceux que les versions que j’avais pu lire. Je m’attendais, à cause de la couverture et du discours du narrateur, à quelque chose de beaucoup plus violent et sanglant, et sur ce point, je reste sur ma faim. Surtout que les illustrations sont un peu too much en horreur. Les pages dégoulinent de sang, les couleurs sont noir, rouge blanc. Bref, les illustrations crient « regardez, nous sommes terrifiantes », et comme le livre ne l’est pas tant finalement, cela agrandit le gouffre entre ce qui aurait pu être et ce qui est.

Enfin, j’ai quand même beaucoup apprécié cette lecture et j’encourage tous les amoureux des contes à lire ce livre : la parole du narrateur et le lien créé par les personnages de Hansel et Gretel valent vraiment le coup !


14/20

Un peu de violence dans ce monde de Bisounours, ça fait toujours plaisir, non ?

Un océan d’amour [de crêpes et de sardines… à l’huile]

Titre du livre : Un océan d’amour

Auteur : Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione

Genre(s) du roman : BD

Public visé : Les amoureux de la mer

Edition : Delcourt/Mirages

Parution originale : 2014

Nombre de page : 224

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La présentation officielle (la précision littéraire, il n’y a que ça !) : Ce livre ne contient que des idées pêchées au grand large par Wilfrid Lupano, selon des techniques artisanales respectueuses de l’environnement culturel, et les mises en boîtes à la sardinerie graphique Panaccione, Milan, Italie (Union européenne).

Ingrédients : océan (eau, sel, détritus), amour (eau de rose, baisers, mariage), sardines, mouettes, crêpes, homard, Bigoudènes endeuillées, sauce (aventure, suspense, second degré, drame sentimental, rebondissements absurdes, gags désopilants), Che Guevara (0,5 %), arôme artificiel de Vierge Marie.

Garanti sans dauphins, sans textes ni onomatopées.
Peut contenir des traces de pictogrammes.

A consommer de préférence avant que l’océan ne fasse plus rêver.

Valeurs nutritionnelles pour 100 grammes
Valeur énergétique : plein.
Protéines (naufrages, tempêtes, action, poésie, voyages) 65 g
Glucides (paysages sublimes, mélodrame sirupeux) 35 g
Lipides (humour gras, moralisme) 0 g

De quoi il est question : L’histoire déchirante (et amusante), d’un marin perdu en mer et de sa Bigoudène de femme lancée à sa recherche. Et d’une mouette aussi, parce que les mouettes, c’est cool.


AVIS :

Ce livre là me fait du gringue depuis le festival de B.D. d’Angoulême de l’année dernière, d’autant plus que mon libraire préféré m’en a refait l’éloge à la rentrée, me le rappelant à mon souvenir. J’ai donc été plus que ravie quand je me le suis vu offert par un ami. Le soir même, je me plongeai dedans, et j’ai aimé. Beaucoup aimé.

Il faut tout de suite préciser un détail sur ce livre : il n’y a aucune parole. Deux trois mots écrits sur une feuille dessinée, quelques rares onomatopées par-ci par-là, et les noms des bateaux, et c’est tout ! Ce qu’on lit le plus, c’est « sardines à l’huile délicieuses », et c’est amusant parce qu’à la fin, comme le personnage principal, on ne peut plus les voir, ces boîtes de sardines. Tout l’intérêt du livre est donc dans l’illustration, et je ne peux que féliciter le dessinateur qui a su me faire éclater de rire, me serrer le cœur, et m’empêcher de fermer le livre avant de l’avoir fini. Il m’a complètement embarqué dans son univers.

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Les dessins peuvent paraître simples, mais il ne faut pas se fier aux apparences. Les personnages, bien que mignons, adorables et trognons, ont tout un panel d’émotions sur leur visage. On ressent le désespoir du marin perdu en mer, sa haine des boîtes de sardines, la tristesse de la Bigoudène qui ne revoit pas venir son mari, sa détermination à le retrouver, et bien sûr, sa bonne humeur. Ils en deviennent super attachants, et dès les premières pages, on souhaite qu’ils s’en sortent avec un happy end. Et à côté des personnages, il y a des paysages aux ambiances très fortes. La mer de détritus nous prend aux tripes, les tempêtes nous glacent le sang, la côte bretonne nous émeut. Il y a beaucoup de bonnes trouvailles graphiques, comme la manière d’introduire les flashbacks. Le présent et le passé se superposent le temps d’une vignette, et des tons différents (à l’image des photographies sépia) sont utilisés le temps du souvenir. Visuellement, c’est un vrai régal !

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À cela s’ajoute un scénario rondement bien mené ! Les péripéties s’enchaînent au bon rythme : la routine, la tempête, élément perturbateur, et le chemin des deux personnages pour retrouver leur moitié perdue. Pas moyen de s’ennuyer, même sans paroles. L’histoire est triste et aborde des sujets assez lourds comme la difficulté pour un pêcheur de rivaliser avec les cargos-pêcheurs, les pirates, la pollution de la mer, et la dictature, mais même si cela serre le cœur, le livre ne se départ jamais de sa dose d’humour. Vous allez découvrir avec ce livre un moyen efficace pour se libérer lorsqu’on est enchaîné en pleine mer, l’art de divination à la mode bretonne, les talents du Bigoudène superstar, et l’histoire d’amitié touchante entre une mouette et un pêcheur.

Bref, vous l’aurez compris, ce livre a été pour moi un véritable coup de cœur. Beau, doux, amusant et touchant, j’ai eu tout ce que j’attendais, et plus, avec ce livre. Les personnages sont attachants, l’histoire est super intéressante, les dessins sont jolis, et tout ce beau paquet-là est enveloppé dans une couche d’humour.. Je ne vois pas comment ne pas comment ne pas vous poussez à vous à le dévorer. Attention tout de même à ne pas le lire en public : éclater de rire, seul, dans la rue, avec un bouquin entre les mains, ça ne passe pas partout !

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20/20

Un bijou de tendresse visuelle !

Nos [éphémères] jours heureux

Titre du livre : Nos jours heureux

Auteur : Gong Ji-Young

Genre(s) du roman : Contemporain

Public visé : Adultes

Edition : Picquier

Parution originale : 2005 (2015 pour le format poche)

Nombre de page : 357

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De quoi il est question : Yu-jeong a le cœur en miettes lorsque sa tante Monica, qui est religieuse, l’emmène à la Maison d’arrêt de Séoul visiter un condamné à mort. Rien ne semble pouvoir rapprocher une jeune désespérée de bonne famille d’un triple meurtrier, et pourtant… Au fil de leurs rencontres, ils vont se raconter avec sincérité leurs « vraies histoires », affronter les ténèbres et découvrir les lumières éblouissantes au sein de ces ténèbres, réparer leurs âmes meurtries.


AVIS :

Nos jours heureux et moi, c’est une longue histoire. Tout d’abord, celle d’un film : Maundy Thursday, choisi pour une affiche très douce, et moi pleurant comme une madeleine à la fin du film. J’avais pas prévu ça, moi, je ne savais même pas qu’il serait question de la peine de mort en lançant le film. Et puis trois ans plus tard, je flache sur une couverture. Je lis le résumé et ne peux que me rendre à l’évidence : c’est la même histoire. J’ai très envie de l’acheter, mais ai un peu peur d’être déçue. Pendant un an je guette sa sortie en livre de poche, et en janvier dernier PAF ! Je tombe dessus dans un magasin. Forcément, je l’achète, et me jette dessus, pleine d’appréhension et d’attentes. Deux jours plus tard je suis en larmes sur mon lit : j’ai fini le livre. Il ne m’a pas déçue, loin de là…

Une des choses qui me faisaient un peu peur avant d’ouvrir le livre, c’était l’écriture et le style. Je n’avais rien contre l’auteure, loin de là – je ne la connais ni d’Ève, ni d’Adam – mais j’avais déjà été déçue par une traduction d’un livre chez Picquier : la langue sonnait faux. Dès les premières pages, mes réticences se sont envolées, Choi Kyung-ran et Isabelle Boubon ont fait un excellent travail avec ce livre.

Nous avons droit à deux récits : celui de Yu-jeong et celui de Yun-su, le condamné. Les deux sont à la première personne. Le premier suit les pensées de Yu-jeong, qui raconte ses rencontres avec Yun-soo et ce que leurs discussions provoquent chez elle, en questionnements et émotions. Le deuxième est le récit écrit de Yun-soo, de son enfance à sa condamnation. Les deux narrations s’alternent parfaitement. Les confidences de Yun-soo résonnent dans les non-dits de leurs rencontres, permettent à humaniser la « bête » que pense rencontrer Yu-jeong au début, et les parallèles se font rapidement entre ces deux êtres que tout semble opposer. Mais plus qu’une bonne construction narrative, c’est le ton bien distinct des deux récits qui réussi à donner des identités aux deux narrateurs. Le sarcasme que Yu-jeong utilise pour se protéger et la sécheresse du ton de Yun-soo dévoilent deux personnages blessés au plus profond d’eux-mêmes, foncièrement humains alors que hors du monde. Deux voix super attachantes qui rendent la lecture facile et agréable malgré un thème aussi dur que celui-ci. Les pensées des personnages sont très bien mises en évidence, de même que l’ironie, l’indignation, le sarcasme ressortent sans être forcés.

Le thème principal du livre est, bien sûr, la peine de mort. Au moment où le livre est sorti, les exécutions avaient repris de manière accélérée en Corée du Sud (suite à un meurtre particulièrement cruel) après une trêve de plusieurs années. Il est difficile de juger de l’impact qu’à pu avoir ce livre dans un pays où la peine de mort est encore de mise, mais la France est souvent citée dans le livre comme point de repère et l’on a droit à de nombreuses citations de Français ayant milité contre celle-ci, tels que notre Hugo national.

J’ai beaucoup aimé la manière dont est traité ce sujet. Le personnage de Yu-jeong est clairement là comme point de repère : elle voit d’abord le Yusun comme un monstre qui mérite le mépris et la mort, puis se met à voir l’humain qu’il est, et, sans pardonner ce qu’il a fait, l’apprécier lui-même pour ce qu’il lui montre. D’ailleurs, ils ne parlent quasiment jamais de ce qui les a amené là tous les deux. Ils se racontent des « vraies » histoires, les leurs, et pour eux, ils ne se résument pas à des tentatives de suicide ou à un triple meurtre. Ils se dévoilent petit à petit, s’apprivoisent et cela pousse Yu-jeong – et le lecteur – à se questionner sur la condamnation de Yun-soo. Mais ce qui est vraiment intéressant, c’est que ce questionnement ne se limite pas à celui d’une « amie » du condamné. On voit également évoluer la relation gardien/prisonnier —nous permettant d’apercevoir la vie d’un homme passant son temps à accompagner des gens vers la mort, voir à la donner —, l’effort de la mère d’une victime pour pardonner le meurtrier de son enfant, le point de vue d’un juge, l’indifférence d’autres personnes, etc. La construction narrative permet la multiplication des points de vue : point de vue tranchant de Yu-jeong, celui appelant au pardon de sœur Monica, celui du coupable et citations contre la peine de mort. Et c’est bien.

La question est d’ailleurs moins de savoir si la peine de mort est mal ou bien, mais de savoir si elle est utile, de comprendre pourquoi des êtres humains sont amenés à tuer des gens. En quoi la peine capitale est-elle différente d’un meurtre perpétré par vengeance ? Naît-on monstre ou le devient-on ? Vastes questions maintes fois traitées, mais toujours très intéressantes à explorer. Pour cela, le parcours relaté de Yun-soo est un magnifique exemple. D’autant que l’auteur ne cherche pas à juger ou pardonner des actes infâmes mais à les comprendre, et c’est clairement ce qui fait la force de ce livre.

Cela ne fonctionnerait pas sans d’excellents personnages. Ils sont là : Yu-jeong et Yun-soo. Deux personnages en écho. « On est pareils » pense Yu-jeong, et elle à raison. Tous les deux sont victimes et coupables — à des échelles très différentes, certes. À travers leurs entretiens, ils vont tous les deux se rouvrir aux autres, en acceptant ce que l’autre a à leur offrir, ils vont se reconstruire eux-mêmes, se pardonner et enfin aller de l’avant. Nous avons là deux vies brisées qui s’apprivoisent doucement, et c’est magique à suivre. Il est très dur de parler de ces deux êtres sans spoiler le roman, donc je ne vais pas m’étendre, mais ils sont tous les deux touchants, complètement humains. Ils se livrent très peu, leurs « histoires vraies » sont dispensées avec parcimonie, mais elles construisent des personnages de roman qui font vrais, qui touchent le lecteur. Ce n’est pas pour rien que j’étais en pleurs à la fin de ma lecture !

À travers cette relation, mais surtout avec le personnage de sœur Monica, le livre traite les thèmes du pardon, de la pénitence, et de la croyance. Honnêtement, j’avais très peur au début de tomber sur un discours pro-chrétien, d’autant plus que la question de la foi est beaucoup plus présente dans le livre que le film. Mais heureusement, elle n’est jamais prêchée. Il est plus question de choix, de soutient et la question de la croyance est finalement assez secondaire. Elle permet de soutenir une réflexion sur la peine de mort, c’est tout. A leur première rencontre, Yun-soo dit à sœur Monica qu’il ne s’ « intéresse » à Dieu que parce que cela lui permet d’avoir des visites. Ce à quoi elle lui répond que cela n’a aucun intérêt, l’important est qu’il aille vers les autres et qu’il accepte enfin de lui parler. Je trouve que cela résume parfaitement le traitement de la religion dans ce livre.

Je vais peut-être m’arrêter là. J’ai énormément de choses à dire sur ce livre qui aborde de nombreux sujets, mais finalement je pense pouvoir le résumer à cela : ce livre est un hymne à la vie et au pardon. Il apporte des réflexions très intéressantes sur le sujet de la peine de mort, mais est surtout hyper touchant, grâce à la relation subtile entre Yu-jeong et Yun-soo, à leurs histoires magnifiques. Ce livre m’a peut-être laissée au tapis émotionnellement, épuisée après avoir versé toutes les larmes de mon corps, mais le souvenir que j’en garde est celui d’un doux réconfort réciproque. Je ne peux clairement que vous conseiller de vous jeter dessus. Avec une boîte de mouchoirs à portée de main !.


20/20

Bouleversant